Soutenance de thèse Daniel GREVISSE

13
déc.
2023.
14h00
18h00
Soutenance de thèse de Daniel GREVISSE

Salle des conférences 

Soutenance de thèse de Daniel GREVISSE, sous la direction de Frédéric ISEL et Marzena WATOREK. 

Résumé

Dans ce travail de thèse, nous avons examiné les mécanismes neurocognitifs et les stratégies de production d’un exemple de complexité linguistique, à savoir le subjonctif présent en français, chez vingt bilingues italien-français et vingt-deux bilingues chinois-français en comparaison avec un groupe contrôle constitué de trente-deux locuteurs adultes natifs du français. Nous avons combiné des mesures électroencéphalographique (EEG) de mesures de potentiels évoqués avec deux tâches de production (répétition de phrases et production ciblée). Notre objectif a été de déterminer l’impact du niveau de maîtrise de la langue seconde (L2), le français, ainsi que la similarité-différence entre L1-L2. Un second objectif de notre travail a été de comprendre dans quelle mesure les capacités de réception et de production des bilingues sont reliées et, comment cette relation est modulée par la similarité-différence entre L1-L2 et le niveau de maîtrise dans la L2. Dans l’Expérience 1 de réception, utilisant le paradigme de violation du mode verbal (indicatif à la place du subjonctif) appliqué à deux-cents phrases du français (160 phrases critiques et 40 phrases de remplissage présentées oralement provenant d’un corpus oral INTERFRA (2006), nous avons examiné les marqueurs neurophysiologiques impliqués dans le traitement du subjonctif présent dans le deux groupes de bilingues et dans le groupe contrôle. Les participants réalisaient une tâche de jugement d’acceptabilité en temps différé.

L’Expérience 1 a montré que les locuteurs natifs francophones présentent un pattern de réponse électroencéphalographique classique (L)AN/P600 en réponse au traitement des anomalies de mode verbal. Un tout autre pattern de résultats a été rapporté dans les deux groupes de bilingues. En effet, alors que les bilingues italophones ont montré un pattern P3b/P600 fronto-central (ce dernier seulement dans le cas du groupe des avancés), la majorité des bilingues sinophones, quant à eux, ont révélé une composante N400-like suivie d’une P600-like. Les résultats de l’expérience 1 nous conduisent à conclure que les bilingues mettent à l’œuvre un traitement différent des locuteurs natifs soulignant des mécanismes neurocognitifs dépendant, d’un côté, du niveau de maîtrise en français (L2) mais aussi et surtout, de l’autre côté, de la similarité-différence entre la L1 des apprenants et le français L2.

L’Expérience 2 de production avait pour but d’analyser les stratégies de répétition et de production de structures syntaxiques impliquant le mode verbal subjonctif présent. Les résultats de l’Expérience 2 montrent que les structures syntaxiques au subjonctif, produites par les Italophones, relèvent des problèmes de production et d’emploi du mode en question, alors que dans le cas des Sinophones, les structures syntaxiques indiquent des stratégies de production avec non seulement des anomalies relevant de l’emploi du mode mais aussi des anomalies relevant de la structuration syntaxique des phrases. Cette constatation nous suggère un fort impact de la L1 des apprenants.

Par ailleurs, nos résultats suggèrent que la réception du subjonctif français résulte d’un processus plus complexe et par conséquent elle est difficile à acquérir, alors que la production serait plus simple dans la mesure où les bilingues ont mis en œuvre leurs connaissances linguistiques de ce mode verbal.

Pris dans leur ensemble, nos résultats suggèrent que dans le cas de certaines structures morphosyntaxiques complexes de la L2, l’impact de la similarité-différence typologique entre L1-L2 est plus important que le niveau de maîtrise de la L2.

Mots-clés : EEG, traitement morphosyntaxique, production L2, similarité-différence L1-L2, subjonctif en français

 

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