Arslangul "Introduction d’un nouveau référent dans les récits en chinois L2" puis Demagny & Trévisiol "L’acquisition de l’expression du mouvement volontaire par des tamoulophones apprenants du français L3"

20
juin.
2022.
14h00
16h00
Arnauld Arslangul - Introduction d’un nouveau référent dans les récits en chinois L2
Arnaud ARSLANGUL

Introduction d’un nouveau référent dans les récits en chinois L2

Annie-Claude Demagny & Pascale Trévisiol

L’acquisition de l’expression du mouvement volontaire par des tamoulophones apprenants du français L3
 
L'un des concepts fondamentaux du langage concerne l'expression de l'espace dynamique. Dans le
cadre de la linguistique cognitive, Talmy (2000) propose une typologie des langues reposant sur la
saillance de l'expression de la Trajectoire dans les événements de mouvement. Il distingue ainsi au
moins deux grands types de langues : les langues à cadrage verbal, comme le français et le tamoul,
où la Trajectoire s'exprime dans le verbe principal, et les langues à cadrage satellitaire, tel l'anglais,
où la Trajectoire se situe en dehors du verbe. De plus, la langue tamoule est agglutinante à
morphologie nominale riche, à ordre SOV (cf. Naidu, 2018, pour le telugu), alors que le français et
l'anglais sont des langues fusionnelles, à ordre SVO. Des recherches ont montré l'influence, parfois
partielle et selon le cadrage, de la langue maternelle (L1) lors de l'acquisition des concepts spatiaux
dans une autre langue.
Ainsi, en étudiant des tamoulophones-L1 acquérant le français-L3, mes questions de recherche sont
les suivantes : 1) Les propriétés de la L1 facilitent-elles l'encodage des procès spatiaux en L3 ? 2) La
vitesse d'acquisition est-elle accrue par le fait que la L1 et la L3 sont de même cadrage typologique ?
3) Quel est l'impact de l'anglais-L2 sur l'acquisition de la L3 ? Mes hypothèses principales portent sur la
Trajectoire qui devrait être encodée particulièrement dans les deux langues et sur une facilité
d'expression de cette composante par les apprenants.
Pour effectuer cette étude, j'ai utilisé une tâche expérimentale de production orale (Hendriks &
Hickmann, 2010) montrant des agents se déplaçant selon différentes manières et trajectoires. Les
participants sont tous des adultes : les deux groupes de contrôles comprennent 15 tamoulophones L1
(TAD-Pondichéry-Inde), 24 francophones L1 (FAD-Paris) et 16 tamoulophones L1, anglais L2 et
apprenants du français (BTF) à trois niveaux : A1, B1, B2 selon le CEFR (Alliance Française de Madras,
Inde).
Les résultats montrent des similitudes dans l'expression de la Trajectoire qui semble dominante chez
les TAD et les BTF, alors que les FAD expriment aussi la Manière et la Trajectoire. En début
d'apprentissage, les apprenants se focalisent sur l'expression de la Trajectoire, ce qui est conforme à
la L1 et à la L3. Mais ils expriment la Manière dans le verbe pour une trajectoire bornée, interrogeant
sur les éventuels transferts de la L1 et/ou de la L2. Les types de Trajectoire semblent fortement influer sur les
productions de tous les locuteurs. Mais si les apprenants semblent d'abord influencés par leur L1,
dont ils retrouvent des traits dans la L3, l'anglais L2 paraît un recours, lorsque la Manière est
saillante et/ou lorsque l'apprenant ne connaît pas encore le terme en L3.
Ainsi, les apprenants montrent une souplesse dans l'usage des différents encodages, indiquant que
les conceptualisations distinctes en L1 et L2 facilitent et/ou entravent l'AL3.
 
Bibliographie
Hendriks, H. & Hickmann, M. (2010). Expressing voluntary motion in a second language: English
learners of French. https://doi.org/10.4324/9780203836859
Naidu (2018) Holistic spatial semantics and post-Talmian motion event typology: A case study of
Thai and Telugu. https://doi.org/10.1515/cogsem-2018-2002
Talmy (2000). Toward a cognitive semantics. MIT Press
Pas d'interprétation en LSF