[UMR] Fabián Santiago (UMR 7023 / Paris-8)

29
mai.
2017.
10h00
12h00

Salle de conférences

Fabián Santiago (UMR 7023 / Paris-8)

Le rythme dans deux variétés de l'espagnol : études acoustiques

Le rythme dans deux variétés de l'espagnol : études acoustiques

Nous menons une étude comparative de plusieurs patrons temporels dans deux variétés de l'espagnol: l'espagnol d'Espagne (Madrid) vs l'espagnol du Mexique (Ville de Mexico). Nous étudions le débit d'articulation dans ces deux variétés ainsi que les effets du genre et du style de parole. Nous étudions également l'incidence de la variation d'articulation dans la compression de l'espace vocalique dans ces deux variétés. Les voyelles inaccentuées tendent à être plus centralisées, alors que ce n'est pas le cas pour les voyelles accentuées. Nous analysons si le débit d'articulation affecte de la même manière la compression vocalique dans les deux variétés.

Les données proviennent d'un large corpus de 22 locuteurs hispanophones (10 Espagnols et 12 Mexicains, rang d'âge = 21-38 ans, M = 29.1, é.t. = 4.3) comprenant 5.75 heures d'enregistrement. Les participants ont réalisé différents types de tâches : la lecture de plusieurs documents écrits, la description d'un tableau et une interview semi-dirigée. 7.9k unités inter-pausales (UIP) ont été collectées, annotées, transcrites et segmentées en mots, syllabes et phones. Pour la présente étude, nous avons exclu toutes les UIP contenant des mots allongés, hésitations, faux-départs, pauses remplies, etc. Ainsi, les 4.6k UIP retenues pour l'analyse sont des chunks ayant une phonation continue en excluant des pauses silencieuses. Nous utilisons deux types de métriques : (i) le débit d'articulation en termes de nombre de syllabes par seconde (pauses exclues) et (ii) les mesures de l'espace vocalique acoustique (la somme des distances euclidiennes du centre de gravité de l'espace vocalique par locuteur à chacune des voyelles périphériques). Nous voulons déterminer dans quelle mesure l'espace vocalique est affecté par le débit de parole (lent, moyen et rapide), le statut lexical des voyelles (accentuée vs inaccentuée) et la variété de la langue.

Les résultats montrent que le débit d'articulation est plus important dans l'espagnol de Madrid que dans celui de la ville de Mexico. D'après nos analyses, tous les participants articulent plus vite dans la lecture que dans la parole spontanée.  Pour ce qui est du genre, nous trouvons que les hommes articulent plus vite que les femmes. En revanche, les femmes de Madrid lisent plus vite que les femmes de Mexico, alors que les hommes provenant des deux variétés montrent des débits similaires dans la lecture. Dans la parole spontanée, les femmes articulent plus vite que les hommes dans le groupe espagnol, alors que l'effet contraire est observé dans le groupe mexicain. Les analyses provenant de 75k voyelles montrent que l'accélération du débit a comme effet la compression de l'espace vocalique dans les deux variétés. En revanche, les participants de Mexico ont tendance à compresser davantage l'espace vocalique que les participants de Madrid, même si ces derniers articulent plus vite. Cette observation peut être expliquée par les différences typologiques dans le rythme de ces deux variétés : les résultats des métriques rythmiques (∆C, ∆V, PVIs, etc.) semblent classifier l’espagnol du Mexique comme plus isoaccentuel que l’espagnol de Madrid, avec une plus grande variabilité des durées vocaliques et consonantiques.