Atelier de phonologie

13
sep.
2017.
10h00
12h00
Quint (LLACAN): Phonologie du koalib

Salle 159

Nicolas Quint (LLACAN) Principales caractéristiques de la phonologie du koalib, une langue Niger-Congo du Soudan
 
Le koalib est une langue Niger-Congo (embranchement kordofanien, famille heibanienne, branche centrale) parlée en tant que vernaculaire dans une zone située au Nord-Est de la province soudanaise du Sud-Kordofan et incluant notamment les villes d’Abri, Délami, Déré, Umm Berembeita, Umm Heitan et leurs environs. Environ 100.000 personnes (vivant en pays koalib ou originaires de cette région) pratiquent aujourd’hui le koalib en tant que première langue.
Dans cette présentation, après avoir brièvement présenté la langue koalibe, je m’attacherai à présenter quelques-unes des caractéristiques les plus saillantes de la phonologie de cet idiome, en me fondant sur le ŋèrɛ́ɛɽɛ̀ (francisé en réré), variété parlée au centre de l’aire koalibe et constituant la base du koalib littéraire. Je discuterai en particulier :
- l’existence d’un système d’harmonie vocalique assez rare, reposant en grande partie sur la hauteur vocalique ;
- l’existence de quatre séries d’obstruantes caractérisées par les traits |sonore| vs. |fort| vs. |faible| vs. |prénasalisé| et où l’opposition (typologiquement très répandue) entre fricatives et occlusives n’a pratiquement pas de valeur phonologique (p.ex. le phonème /p/ est réalisé [f, v, p] en fonction du contexte).
- la question des distinctions |dental| vs. |alvéolaire| et |vélaire| vs. |labio-vélaire| au niveau des ordres consonantiques.
- le rôle du ton qui, en sus d’une fonction lexicale, joue un rôle central en morphologie, tant nominale que verbale. Je montrerai en outre comment les trois niveaux tonals perceptibles au niveau phonétique en koalib correspondent en fait à seulement deux tons au niveau phonologique et comment plusieurs tons peuvent être combinés à une seule et même syllabe, créant des mélodies complexes à valeur distinctive.
- l’intérêt linguistique des difficultés rencontrées par les transcripteurs du koalib pour élaborer une orthographe adaptée à cette langue, qui dispose désormais d’une tradition écrite presque séculaire.