Adele Jatteau (SFL) - La loi de Grassmann en grec ancien

20
jan.
2016.
12h00
13h00
Atelier de phonologie

Salle 159

Atelier de phonologie, 20 janvier 2016

Adele Jatteau (SFL) - La loi de Grassmann en grec ancien

Abstract - La « loi de Grassmann » (LG) en grec ancien désigne une dissimilation régressive d'aspiration affectant la plupart des dialectes grecs avant l'époque classique : *phakhus > pakhus. Alors que son équivalent sanskrit a fait couler beaucoup d'encre, celle du grec a très peu attiré l'attention. Dans cette présentation, je souhaite montrer que les deux processus, à partir d'une base similaire, sont intégrés différemment dans chacune des deux langues. Le grec en synchronie pose deux problèmes. Le premier est un problème de domaine : la dissimilation s'applique ou non au radical selon l'initiale du suffixe qui suit, sonante ou obstruante (treph-ō « je nourris » vs. threp-sō « je nourrirai »), mais sans tenir compte du contenu segmental de cette initiale (e-threp(h)-thēn « je fus nourri »). Le deuxième est un problème de contraste : le grec ancien présente des aspirées non contrastives (tout u initial et tout r long sont aspirés), qui ne sont pas affectées par la dissimilation : huphainō « tisser ». Pour les résoudre, je propose une analyse du phénomène qui, paradoxalement, ne fait pas appel à une contrainte de contour obligatoire à l'œuvre dans la grammaire phonologique. Cette analyse interroge alors l'implémentation diachronique de la LG : quel type de changement cible (ou en vient à cibler) le domaine du morphème, et épargne des traits au motif qu'ils ne sont pas contrastifs ? Dans la lignée de l'analyse synchronique, j'envisage une solution fondée sur une structure raffinée des représentations lexicales.